Interviews

IITW d’Ermanno Di Miceli. Triathlète et Marathonien

Ermanno Di Miceli

«  Bonjour Ermanno, merci d’avoir répondu à notre invitation. Comment vas-tu ?

            Bonjour Boris et merci beaucoup pour ton invitation ! Pour ce qui est d’aller, je ne sais pas où je vais, mais je vais à pied, en voiture et même parfois en transports en commun 😉 (j’aime jouer avec les mots et expressions Françaises et je fais parfois cette « blague », puisque « comment vas-tu ? », ne devrait pas attendre une réponse identique à la question « comment te portes-tu ? »). Plus sérieusement, je me sens très bien, surtout depuis Dimanche dernier, mais nous aurons certainement l’occasion d’en reparler.

Parle-nous un peu de toi, ton parcours…

Tu sais, même si me soigne, je suis très timide et j’ai du mal à parler de moi, mais je vais faire un effort ! De Père Italien, enfin, Sicilien pour être plus précis et de Mère Normande, je suis né et ai grandi à Rouen, en Haute Normandie (Seine Maritime). Pour ceux qui ne voient pas très bien où Rouen se situe, c’est une « petite » ville au Nord-Ouest de la France coincée entre Paris (ce devrait être plus facile à situer) et Le Havre, le deuxième port Français après Marseille, mais c’est aussi la ville où tous les 4 ou 5 ans (j’ai perdu le fil), il y a un événement qui regroupe les plus beaux et grands voiliers du monde. D’ailleurs, la prochaine édition aura lieu cette année en Juillet. Je vous encourage toutes et tous à aller voir !

Et voilà, j’ai encore digressé … Je disais donc, que j’ai grandi en Normandie et c’est aussi en Normandie que j’ai rencontré celle qui allait devenir mon épouse. « jeune » papa à 18 ans, de 3 enfants, je réside depuis 12 ans au Luxembourg (le plus jeune a aujourd’hui presque 10 ans, le plus grand presque 21 ans).

Niveau professionnel, j’ai toujours gravité autour du monde de la Finance. Je passe mes années en tant que vendeur, à mi-temps, dans un magasin de sport pendant que je prenais le temps pour passer mon bac, avec 2 ans de « retard », ma carrière a commencé pendant ma 1ère année post bac : je ne me sentais pas si bien que ça sur les bancs d’une école privée en compta et j’ai voulu tenter ma chance en commençant à travailler tout de suite. Et histoire de compliquer un peu les choses : j’ai accepté une mission pour une grand banque Française, en Italie, dans un domaine que je ne connaissais pas très bien (j’étais passionné par la Bourse et j’ai commencé dans un service de paiements internationaux). 6 mois plus tard, j’étais de retour sur Paris mais dans la même ambiance et ai changé de job à plusieurs reprises. Avant de revenir dans la même société, en 2005, à Paris (suivez bien, j’en reparle dans quelques lignes 😉). A force de persévérance et d’envie d’apprendre, j’ai gravi très rapidement quelques échelons et j’ai obtenu une mutation au Luxembourg moins de 2 ans plus tard. Depuis, je roule ma bosse, pour le même employeur, au Luxembourg. Entre temps, j’ai eu l’occasion de prester pour une StartUp Parisienne spécialisée dans le recrutement. Belle expérience qui change des grandes structures et qui est autrement plus formateur, notamment en termes de gestion de projets !

D’un point de vue sportif, quand j’étais jeune, je ressemblais plutôt à un jeune sédentaire, avec pas mal d’embonpoint et pas superbement envie de bouger. Mon Père m’a un peu forcé la main, très jeune, à faire du Judo. Sport que j’aimais bien parce qu’il en avait fait beaucoup étant plus jeune (le rêve de tous les jeunes : si Papa l’a fait, c’est forcément bien, donc il faut faire comme Papa) et pour les valeurs que ce sport véhicule, un peu moins pour l’aspect « garderie » du club dont j’étais membre. Et puis j’ai vite découvert le VTT avec des amis, de VTT, je me suis offert mon premier vélo « de course », puis j’ai testé la piscine, toujours en mode loisirs. « Piscine » est devenu « Natation » puisque je pratiquais plus régulièrement. Et vers 16 ans, un ami, hockeyeur, m’a mis au défi de participer à un Triathlon (Natation, Vélo et Course à Pied, le tout enchainé, sans pause). Bien mal m’en a pris, j’ai alors été contaminé par le virus je n’ai jamais vraiment arrêté, même si j’ai fait une belle pause de quelques années. Je continuais à courir un peu, à nager de temps en temps, mais pas sérieusement. J’ai vraiment repris en 2005, à 25 ans, en m’inscrivant pour mon 1er Marathon, à Paris. A 27 ans, j’ai obtenu une mutation professionnelle et je suis venu m’installer au Luxembourg. Le début de cette « nouvelle vie » a aussi coïncidé avec l’intensification de ma pratique du Triathlon et si je n’avais pas eu des problèmes de santé, j’aurais dû participer à mon 1er Ironman le 1er Août 2010 (pour ceux qui ne le savent pas, l’Ironman label dans le monde du triathlon qui se court sur une distance « reine » : 3,8 km de Natation, 180 km de vélo et 42,195 km de Course à Pied). Grosse pause de plusieurs années dans ce sport, entre autres, à cause de mes yeux, j’ai continué à courir et depuis ma greffe de cornée il y a quelques années et de nouvelles lentilles enfin adaptées parfaitement, je reprends sérieusement la Course à Pied avec pour objectif de revenir sur Ironman et qui sait, peut-être, un jour, de me qualifier pour les Championnats du Monde de la distance, à Hawaii (tous les ans, les meilleurs s’affrontent en Octobre, à Hawaii).

Accessoirement, pour parler de mes passions et y garde un pied quand je ne pouvais plus m’y adonner, j’ai créé 2 podcasts où j’intervenais avec mes compères. nipSports ( https://nipcast.com/category/nipsports ) avait pour but de mettre en avant le sport, ses valeurs et le quantified self ou plus généralement les innovations dans le sport. PlaceAuSport ( http://placeausport.spodcaster.com ) avait lui vocation à devenir une plateforme d’expression autour du sport : nous ambitionnions de parler du sport avec tous les « medium » mis à notre disposition : audio, vidéo, écrit, blog, … mais le projet a capoté car mes acolytes ont été absorbés par d’autres sujets professionnels et personnels et ces « side projects » n’étaient que du loisir, donc pas de revenu. Je ne peux pas leur en vouloir d’avoir dû procéder à un tel arbitrage.

Ton parcours est riche et varié, peux-tu nous dire quel est le fil conducteur de tout cela ?

Je crois que ce qui a toujours guidé mes choix a été « les Valeurs » au sens large et noble et avec un « V » majuscule et l’intégrité. Aussi l’envie de bien faire. Et c’est donc tout à fait normal que le Sport ait trouvé une place importante dans ma vie (non, ce n’est pas une erreur, j’ai bien mis un « S » majuscule, car je l’érige aussi bien au rang de valeur qu’au rang de communauté / d’institution : je mets un « S » à Sport comme je mettrais un « E » à École).

Malgré tout, depuis que je suis Papa, je n’ai toujours cherché qu’une seule chose : préparer le terrain pour mes enfants et faire en sorte que mon épouse soit heureuse.

Tes plus belles fiertés, quelles sont-elles ?

Mes enfants ! Ils sont encore jeunes et pas encore dans la vie active, mais ils sont, ma plus grande fierté. Quand je vois qu’ils sont prêts à se battre pour leurs choix à défendre leurs positions becs et ongles, j’en suis extrêmement fier. Ah oui même si je ne peux rien y faire, je suis super fier quand mon épouse pousse la chansonnette et que j’entends, progressivement, la salle où l’on se trouve et qui n’est pas venu pour l’écouter se taire pour tendre l’oreille et apprécier, c’est un sentiment impossible à décrire. Idem, quand mon grand fils, DJ à ses heures perdues, fait danser la salle, je suis le Papa le plus fier du monde. Et je ne te parle pas de cette fois où ma fille a fait un stage au Cours Florent et où j’ai pu voir sa performance d’actrice débutante. J’adoooore ! Pour le troisième, ce qui me vient spontanément à l’esprit, c’est quand il enfile sa tenue de scout et qu’il l’arbore fièrement en allant aider une dame qui a du mal à marcher à traverser la route.

 Ton meilleur souvenir de Marathonien, quel est-il ?

Tous les marathons que j’ai courus. J’ai souffert à chaque fois, mais chacun m’a laissé des souvenirs inoubliables. Mais au-delà des courses, mon meilleur souvenir reste les entrainements et ces moments magnifiques passés aussi bien seul qu’avec des copains d’entrainement ou encore encadrés par mon ami et coach Paul Sardain. Et pas uniquement en courant, aussi autour d’une table, avec une bonne bière à planifier la saison et à échanger sur l’entrainement, son objectif et à mettre en place la stratégie de course.

Comment as-tu découvert l’association « Sans Mon Portable » ?

Pour être honnête, c’est toi qui es venu vers moi, mais je crois que j’ai déjà entendu parlé de ton association « Sans mon portable » dans des podcasts.

La Digital Detox ça te parle ?

Alors oui, non seulement parce que Guillaume Vendé (cf supra) en est un adepte (à l’image d’un sportif qui s’adonne au jeûne 1 ou 2 fois dans l’année, Guillaume pratique ou pratiquait la DD de temps en temps). Mais ça me parle aussi parce qu’à notre époque, quand on a des enfants qui sont ados, on ne peut, parfois, s’empêcher de penser que le Digital est parfois beaucoup trop présent et à l’instar d’une drogue, qu’il faudrait peut-être leur faire faire une cure de désintox … mais j’avoue ne pas donner le bon exemple non plus : je bosse toute la journée sur ordi au bureau, en allant au bureau et / ou en revenant, je suis sur mon smartphone ou mon laptop perso. Même en courant, j’utilise une montre GPS connectée à mon smartphone. J’en profite alors pour écouter des podcasts (d’ailleurs, j’ai une petite liste de reco si ça peut intéresser tes lecteurs J) et après chaque entrainement, j’enregistre une courte vidéo où j’explique la session que je viens de faire et son bienfondé et à la maison, entre l’administratif, le podcast et autre, pas facile de se débarrasser de ces petites bêtes !

J’essaie néanmoins de m’astreindre à lire quelques pages d’un vrai livre, papier, chaque jour. La lecture, pour moi, c’est comme la cuisine : j’adore m’y adonner, mais avant d’y être obligé, je n’arrivais pas à cuisiner sans tout cramer. Et puis mon épouse rentrant parfois tard à la maison, ou lorsqu’elle était hôtesse de l’air, elle faisant souvent des découchés, à force de tests, d’essais, d’entrainement, j’ai appris à cuisiner et en général, mes convives apprécient … et comme on parle ici d’enfants de 10 à 21 ans, je t’assure que si ça ne leur plait pas, ils ne se gênent pas pour le dire !

Rencontres-tu dans ton activité des gens hyper-connectés ? Une anecdote à ce sujet ?

Oui … moi ! Et malgré tout, je trouve des gens encore plus hyper-connectés que moi !

Plutôt qu’une anecdote, j’aimerais te parler d’une personne que j’ai découvert récemment mais que j’admire, c’est Bertrand Soulier. Son métier, donc son gagne-pain, c’est de proposer des solutions pour se former à devenir un créateur de contenu efficace sur le web. Il est présent sur presque tous les réseaux sociaux, enregistre un podcast quotidien d’une quinzaine de minutes et malgré tout, il trouve le temps d’être Papa, de s’entrainer pour le Marathon de Paris, de lire plusieurs livres par mois et de se coucher à 22h30 tous les soirs ! Quelle discipline ! Bon, il faut dire qu’il a très certainement mieux compris les mécanismes des Réseaux Sociaux que moi, il poste plusieurs fois par jour via des publications programmées et/ou des robots, mais c’est beau tout de même !

Aller, une anecdote quand même. Personnelle. Depuis plusieurs semaines, je m’entraîne pour le Marathon de Rotterdam (qui aura lieu le 7 Avril prochain). Je relate d’ailleurs ça sur mon site https://salut-les-sportifs.com . Et dans le cadre de ma préparation, pour bien la calibrer, j’utilise une montre GPS (Garmin VivoActive 3) qui me permets de suivre, en temps réel, la distance parcourue, mais aussi l’allure à laquelle je cours, mes pulsations cardiaques, etc … et Dimanche dernier, mon entraineur m’a imposé de courir une course test (le Semi-Marathon de Diekirch) sans la montre. Mince ! Comment se repérer ? « Et bien tu vas courir au feeling ! Tu vas écouter ton corps et tu verras, le résultat devrait te plaire ! ». Et bien il avait tout à fait raison ! Le temps réalisé, pour un semi, n’était pas exceptionnel, mais je suis en prépa pour un Marathon, donc plus en endurance, donc normal mais j’ai pris un pied gigantesque à ne me concentrer que sur mes sensations et mon ressenti, à écouter mon corps et pas à lire ce que ma montre me disait !

Ton portable à toi, quel usage en as-tu ? Comment, si tu le souhaites, en régules-tu l’usage ?

Mon portable, c’est à la fois un outil d’information (j’écoute France Info dans la voiture et quelques podcasts de France Inter, mais comme j’essaie de diminuer mon empreinte carbone et de prendre les transports en commun, je limite la voiture … donc, l’information en direct), un outil de travail (mes mails pro y sont configurés) et un outil de curation pour mes podcasts et blogs mais aussi un hotspot wifi pour que j’utilise mon laptop perso en mode « remote » et enfin un outil de communication pour garder le contact avec ma famille très proche (on s’appelle plusieurs fois par jour avec mon épouse et quand les enfants ont besoin de quoi que ce soit, ils n’hésitent pas), élargie (ma sœur est aux USA, mon Père dans le Sud de la France) et les proches (UK, Suisse, France, etc, …).

Pour réguler son usage, j’essaie (mais pas facile), de désactiver les notifications quand je rentre dans le cercle familial et de ne pas y toucher pendant les repas. Au bureau, tout dépend de ce que je suis en train de faire, mais quand je traite un gros dossier, je n’y porte même pas attention, donc notif ou pas, la régulation se fait toute seule.

Comment le portable trouve-t-il sa place (ou pas), dans la vie familiale ?

Comme je te l’expliquais déjà avant, dans une famille avec des ados, pas facile de vivre sans portable. C’est presque une extension de leurs mains ! Mais on essaie de se tenir aux règles auxquelles j’essaie aussi de m’astreindre : pas de notifs à la maison, pas de portable pendant les repas.

Quelle est selon toi la meilleure manière de se déconnecter ? Si tu devais donner un conseil à ceux qui nous lisent… ?

En toute honnêteté, je n’en ai aucune idée. Je pense que, comme pour stopper la cigarette ou toute autre addiction, il faut que l’utilisateur le veuille. Si tu essaies de forcer quelqu’un à arrêter de fumer, même si c’est pour raison de santé, c’est peine perdue. Idem avec le portable. Et pour que les gens prennent conscience de leur « addiction », il faut faire de la pédagogie, leur expliquer les méfaits d’être toujours connecté, d’avoir toujours ces joujous dans les mains, de se couper des autres, du monde et à l’inverse, des bienfaits de s’en débarrasser : sortir, profiter du monde, des paysages, des autres, etc …

Si tu devais t’isoler loin de tout, tu irais te cacher où ?

Bonne question … qui fait écho à un sujet que l’on aborde très souvent en famille en ce moment … Personnellement, je le fais déjà : quand je cours, je mets les écouteurs pour me concentrer sur ma séance et sur les podcasts que j’écoute. Ça me permet de ne plus penser à rien et de bien me concentrer. Mais si ta question était liée aussi au fait de s’isoler de tout, y compris des portables ou autres appareils digitaux, j’opterais, bien évidemment, pour le pays de mon épouse : Madagascar ! Il y a tellement de coins magnifiques là-bas et isolés de tout que je pense que je n’aurais pas de mal à déconnecter !

Une question indiscrète : ton rêve le plus fou ?

Après celui de rendre ma famille heureuse tu veux dire ? Participer à l’Ironman d’Hawaii. Un autre, un peu moins égoïste : partir sur un voilier avec mes enfants et faire une belle virée en mer pendant plusieurs jours.

Prêt à partager nos initiatives, prêt à nous faire connaitre ?

Bien entendu !

Et si tu devais nous donner un conseil, pour nous faire connaître encore davantage ?

Nouez des partenariats avec des associations, administrations, écoles et aller dans les écoles ! Ça fonctionne superbement bien ici, au Luxembourg. L’association BeeSecure ( https://www.bee-secure.lu ) œuvre pour expliquer les dangers et les bienfaits de l’Internet au plus jeunes. Je peux essayer de les contacter pour vous mettre en relation si tu veux.

Un message personnel à faire passer ?

Avec le recul, si tes lecteurs n’ont pas encore d’enfant : ne pas les habituer trop tôt aux écrans. L’écran est une babysitter facile, mais il faut leur apprendre dès le plus jeune âge l’utilisation raisonnée et que l’on ne doit « dégainer son tel » que pour une raison valable et pas « juste s’occuper ». Et s’ils ont déjà des enfants, il n’est jamais trop tard !

A bientôt Ermanno, donne-nous des nouvelles ! »

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