Bonjour Eric ! Très heureux de donner la parole à un “collègue” d’outre-Atlantique !
Raconte-nous un peu ton parcours.
Je suis né au début des années 1970. Pendant mon enfance j’étais très actif. C’est à partir de mon adolescence et pendant plus de 20 ans, que j’ai développé une dépendance aux écrans. De la télé jusqu’à l’arrivée de l’internet au début 90, je suis demeuré esclave de ce problème. Malgré une courte carrière dans les Forces Canadiennes, ensuite le cirque et le monde du spectacle, pendant toutes ces années, j’étais coupé de moi-même et incapable de contrôler cette dépendance aux écrans.
C’est en 2008, malgré un début de carrière prometteur comme conférencier et maître de cérémonie, que j’ai été poussé à rompre avec cet enfermement, quitté le confort de mon connu pour trouver une solution à ce problème qui à l’époque, n’était pas encore reconnu médicalement.
J’ai pris un billet pour la Suisse et je suis parti à l’aventure en vélo pendant des mois. C’est là que je me suis retrouvé et que j’ai découvert un antidote à mon problème.
En l’espace de quelques semaines, mon contact avec la nature, et la découverte de nouvelles cultures et mode de vie, m’ont transformé de la tête aux pieds ! Tout ce que j’ai appris pendant ce périple et mes années de détox sans numérique, sont devenus les assises de mon entreprise Digipause et le début du mouvement Digital Detox que j’ai lancé par la suite.
Mon périple m’a amené dans une dizaine de pays (Europe et Afrique…) et au sein de nombreuses communautés humaines…
Peux-tu nous donner un peu de détails sur DIgipause, qu’est-ce que c’est exactement ?
C’est une façon innovatrice de repenser l’usage au quotidien des moyens numériques, tout en diminuant ses distractions numériques, pour augmenter son focus et gagner du temps d’extra pour tout le reste.
En tant qu’intermédiaire, j’utilise les services de coaching, consultation pour créer des expériences hors-ligne sur mesure. De ce fait, mon rôle est de créer un pont entre les infrastructures axées sur la santé et le bien-être, avec un nouveau public à la recherche d’endroits et de services qui répondent le mieux à leurs besoins.
C’est-à-dire ?
Depuis l’arrivée des smartphones et réseaux sociaux, j’ai constaté un intérêt de la part des intervenants du milieu de la santé pour favoriser des démarches de sensibilisation misant sur le pourquoi de cette nécessité de déconnection mais peu d’effort sur le comment.
Peux-tu nous donner un peu de détails sur tes programmes de déconnexion, entre autre le « Yoga du rire”, qu’est-ce que c’est exactement ?
Pour moi, le yoga du rire est une façon unique de se réinventer et de transcender toute limitation physique et émotionnelle. C’est un tremplin pour se réinventer de la tête aux pieds.
J’ai fait la découverte du yoga du rire en 2012. Convaincu des avantages de médium, c’est par la suite que je suis devenu enseignant du rire et tout récemment ambassadeur du rire.
Parle-nous de tes plus belles fiertés dans tes missions d’aujourd’hui ?
La capacité d’avoir créé et de pouvoir utiliser des outils concrets pour l’aider à demeurer sobre de ma dépendance du web depuis 2008.
Malgré une série de contrecoups et un budget fond de tiroir, j’ai réussi à créer et organiser la première journée Nationale Débranchée au Canada et en Inde.
Pour toi, qu’est-ce qu’un coach en bien-être numérique ?
Quelqu’un qui peut assister tout individu dans un usage plus sain et plus équilibré de ses ressources humaines et matérielles. D’où l’importance pour tout intervenant d’avoir un parcours de vie adapté à ce type de langage et réalité. A mon humble avis, tout coach spécialisé en bien-être du numérique se doit de mettre en pratique ce qu’il prêche sur une base régulière.
Faire la promotion du mieux-être en utilisant les réseaux sociaux et autre affinité du web, est un paradoxe qui prend de plus en plus d’ampleur dans le monde du coaching et du développement personnel.
C’est d’ailleurs la raison pour laquelle je travaille sur un programme de mentorat afin de créer un langage distinct par rapport au coaching en bien-être numérique.
Le bien-être numérique existe-t-il vraiment ?
Absolument! C’est une réalité et une possibilité que j’ai réussi à découvrir et expérimenter durant mes années de rétablissement, d’études et de recherches sur le phénomène. Des endroits comme la France regorgent de lieux et de communautés qui favorisent ce genre d’environnement et d’expériences.
Quels sont tes autres centres d’intérêt, à part ton métier ?
Depuis 2008, la digital detox est devenue une passion-obsession dans ma vie. J’occupe donc mon temps hors-ligne à enseigner et pratiquer le Yoga du rire, participer à différent projets communautaires et écrire de la poésie.
Suivre une Digital Detox, ça consiste en quoi selon toi ?
A l’époque, la notion de Digital Detox était limitée à une démarche quantitative axée sur le nombre de moyens pouvant être utilisés pour arriver à la Détox ou à la durée que pouvait prendre cette Détox ; “Plus pour mieux” avec des retraites limitées en temps et focalisées sur la Détox sans préparation et sans suivi.
Aujourd’hui, avec l’effervescence de la technologie intrusive et imposée pour presque toutes les tâches du quotidien, nous sommes obligés de repenser cette formule.
C’est pourquoi l’idéologie de Digipause propose une démarche différente et plus réaliste: “moins d’efforts pour plus de résultats”, tout est dans l’intention au lieu de la perfection, la Détox se vit au quotidien.
C’est une démarche qualitative axée sur le moins pour plus. Moins de temps sur les écrans = plus de temps pour se relaxer, retrouver son énergie et cocher les trucs de sa to-do list!
Quelle est la population la plus touchée par l’addiction aux écrans au Canada, et pourquoi ?
La véritable question à se poser est qui n’est pas touché par cette addiction!
Entre 2010 et 2012, le Canada était déjà considéré comme le pays le plus atteint par l’addiction aux écrans. En avril dernier, une étude suggérait que le Canada refaisait surface parmi les internautes les plus branchés sur la planète.
Avec le boom des nomades du numériques et la conversion des secteurs de l’éducation et du travail en ligne, le nombre ne peut qu’augmenter !
Selon toi, pourquoi les gens sont si « accrocs » à leur portable?
La négation et la rationalisation sont les raisons pour laquelle tant d’utilisateurs demeurent accrocs de leurs portables.
En France, le Droit à la Déconnexion fait partie du Droit du Travail, et au Canada ? Qu’existe-t-il ?
Malheureusement, la France (et quelques organisations en Allemagne) sont les deux seuls pays qui proposent ce genre d’initiative en ce moment. En matière de prévention et de sensibilisation à l’égard d’un usage intelligent des technologies numériques. L’Amérique et bien d’autres continents sont loin derrière la France. En fait, au Canada, nous encourageons l’inverse. C’est-à-dire, plus de temps sur nos écrans pour plus de rendements. Avec la crise qui sévit dans le monde de la santé mentale, c’est d’ailleurs un dossier qui fait beaucoup parler au Canada.
Ce que j’ai constaté au fil des ans, c’est la différence de mentalité entre l’Amérique et l’Europe. D’une part, nous sommes en faveur d’un mode de vie axé sur le travail pour vivre, alors qu’en Europe l’on favorise un mode de vie qui propose l’inverse.
Ton portable à toi, comment lui fixes-tu des limites ?
Je considère ma relation avec mon portable au même niveau que toute relation humaine. C’est à dire qu’en utilisant la règle de 3 (C’est une partie de mes enseignements-conseils), sous forme de triangle. utilisateur- la relation-portable. Je fais en sorte d’établir une relation saine avec mon portable pour m’allouer des temps de pause nécessaire pour me rebrancher sur des activités hors ligne et en mode solo.
Je réduis donc la tentation de ‘’nomophobie’’ de consulter mon portable toutes les 2 minutes! Et surtout, je n’ai pas de plan data sur mon portable.
Il ressemble à quoi ?
C’est un portable tout beta. J’utilise l’application Siempo pour réduire le nombre de distraction sur mon écran. L’application GBS (Gros Bon Sens) s’avère aussi fort utile lorsque j’ai besoin d’une façon naturelle de me divertir et me ressourcer!
A quel moment apprécies-tu le plus de le faire une pause sur ton temps d’écran ?
Puisque tout moment est propice à expérimenter les effets positifs et les bénéfices d’une pause de ces écrans, je fais en sorte de créer des rituels journaliers qui m’obligent à instaurer un temps d’arrêt afin de me ressourcer et me rebrancher.
Pour exemple, je commence normalement ma journée avec une session de rire thérapeutique, et termine celle-ci avec une session de relaxation et de lecture avant l’heure du coucher. Je m’assure également de compléter des activités analogique au quotidien.
Mieux vaut prévenir que guérir est le mot d’ordre dans ma discipline personnelle.
Ta recette à toi, pour ta déconnexion personnelle ?
Tout est une question d’équilibre et de discernement! Je préfère penser déconnexion de manière réaliste afin de développer des habitudes de vie saine au quotidien, que d’envisager un séjour hors-circuit et débrancher une fois l’an.
Ce que j’ai appris sur le terrain, c’est qu’il est préférable de commencer petit, et de constater une amélioration en cours de route. Lentement, mais sûrement et un jour à la fois.
Quels sont tes projets à court terme ?
La mise sur pied d’un concept de maillage entre les intervenants du milieu du développement personnel, les propriétaires d’établissement santé et mieux-être, ainsi que les clients à la recherche de ce type d’espace et d’expériences hors-ligne.
Je travaille aussi sur un programme de coaching personnalisé pour tout coach intéressé à développer un créneau bien-être numérique dans leurs pratiques.
Quels sont tes projets à long terme ?
Créer des ambassadeurs santé-débranché partout sur la planète!
Développer des programmes santé-débranché dans des centres de ressourcement et de villégiature axés sur le mieux-être.
La dernière version de notre site sansmonportable.com recense « les trésors », les lieux notamment, hôtels, restaurants, endroits cachés où la déconnexion prend tout son sens. Tu en connais un à nous faire partager ici ?
Les bases de mes programmes et la philosophie de Digipause reposent sur le fait que tout espace peut être favorable à une expérience de repos et de déconnexion. Puisque je suis au Portugal depuis le début du confinement, la région de Aljezur et le cap St-Vincent sont mes coups de cœur du moment. Le signal wifi est très médiocre par endroit, ce qu’y amplifie les chances d’avoir une meilleur connexion avec la nature environnante !
Comme je le disais dans une entrevue radio il y a quelques années passées: L’essence d’un voyage axé sur le débranchement est de retrouver ses sens par un retour à l’essentiel.
Notre site te permettra aussi de te faire connaître auprès de notre réseau…prêt à ouvrir ton compte, créer ta fiche ?
Et même plus ! Je serai ravi d’apporter ma contribution au succès de cette initiative.
Et si nous imaginions un événement ensemble, une action, un Webinaire, une conférence pour développer notre visibilité et nos savoir-faire communs, tu serais partant ?
Absolument! Le mot d’ordre dans ce monde de changements est créativité, ingéniosité et solidarité. La crise qui sévit et les enjeux planétaires sont une véritable leçon d’humilité et une opportunité de se réinventer sur tous les plans.
Si par bonheur tu voulais soutenir l’association, pour 1 an, tu trouveras ici pour 15€, le lien te permettant d’apporter ta contribution…
C’est noté !
Et si on souhaite suivre ton actualité ? Où te retrouver ?
En ligne: digipause.com (il est à noter que mon site est en mode rebranding et construction) ou quelque part sur la route à tester de nouvelles idées…hors-ligne!
A très bientôt cher Eric, restons en contact !