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Interview d’Isaure de Sainte Marie (Décoratrice – Château de Troussay)

Château de Troussay

Bonjour Isaure ! C’est un grand plaisir de faire ta connaissance aujourd’hui, et de te présenter, ainsi que le Château de Troussay, au réseau de Sans Mon Portable ! Prête ?

J’attends ce moment depuis longtemps !

Raconte-nous un peu ton histoire, ton parcours…

Je suis née et j’ai grandi à Paris. Le Château de Troussay était une propriété de ma grand-mère où nous allions pour les longs week-ends et les petites vacances. Mon rêve était de partir en Amérique Latine ou j’ai vécu 12 ans. Je voulais depuis petite déjà une vie plus humaine qu’en France, moins administrative et plus équilibrée. Je ne comprenais pas la vie des villes françaises. Le contact humain a toujours été au cœur de ma recherche personnelle et je suis passionnée par les modes de vie des civilisations primitives. J’ai vécu avec les indigènes d’Amérique latine et ils m’ont inspiré. Aujourd’hui je suis revenue en France et j’applique ce que j’ai appris à travers le monde pour vivre ma vie d’indigène de Troussay. Ma motivation et le cœur de mon métier sont de partager et de transmettre histoire, mode de vie et confiance en la vie.

Pour ceux qui ne le connaissent pas, peux-tu nous parler du plus petit Château de la Loire, le Château de Troussay ? Fais-nous rêver !

Son histoire remonte au XVème siècle et son architecture va du XVème au XIXème et résume l’architecture des plus grands châteaux de la Loire mais en tout petit. 

C’est à la fois un bijou, je le dis car je n’y suis pour rien, c’est grâce à Louis de La Saussaye qui en fut son propriétaire au XIXème qu’il a cet aspect raffiné et complet. Qu’il est un lieu intimiste, charmant et vivant. C’est un lieu touchant et qui a une âme. Il a appartenu à des personnalités originales et passionnées par la vie plus que par l’argent, même si certaines en avaient beaucoup. Cela lui a permis d’être convenablement entretenu mais pas dénaturé et il a n’a été vendu que deux fois, la première en 1728 et la seconde en 1900, à mon arrière-grand-père, ce qui en fait un lieu de transmission et où les générations se sont succédées en douceur, apportant leur pierre à l’édifice mais sans trop de changements brutaux. Le parc à 

l’anglaise est merveilleux. Il héberge des arbres et des oiseaux incroyables. On s’y sent bien et il y est écrit sur la façade d’arrivée Utimam Time, Carpe Diem sur le cadran solaire, ce qui nous rappelé notre condition infime et de bien en profiter  aussi!

Quelle anecdote étonnante pourrais-tu nous raconter au sujet de ton Château ?

Il y en a plein et je n’en connais que peu, je ne suis qu’un maillon de la chaîne. Il est le plus petit des châteaux de la Loire, il a tout d’un grand mais en petit. Pour moi ce sont des promenades dans les lavandes c’est là où j’ai tout  appris, les animaux qui vivent et qui meurent, ceux auxquels on s’est attaché, dans un cœur d’enfant, les salons ou les parents fument des cigarettes avec un digestif, et mon grand-père habillé tout en Lanvin et Weston, qui vouvoyait même les mouches ! Il avait vécu les deux guerres. Ce sont des endroits qui respirent…

Qu’est ce qui te donne le plus de satisfaction dans ton métier, ta mission ?

Transmettre et partager. Transmettre aux jeunes qui m’accompagnent pendant

 l’été, le goût du patrimoine, l’esthétisme et la créativité, l’humilité devant l’histoire et leur donner confiance en eux. Partager avec les voyageurs notre histoire, celle de la France, la grande histoire et notre identité, puis celle du terroir, la moyenne histoire et la mienne, la petite histoire mais qui peut inspirer car elle est accessible à tous. C’est aussi un art de vivre, une discipline, accepter que tout ne soit pas productif en terme de temps et que l’argent ne soit pas prioritaire, pas plus que la rentabilité. Et enfin partager avec les voisins, les amis, la famille, mon mari et ma fille, cette beauté, ce soleil, ces couleurs, l’architecture, c’est fou, quel cadeau de chaque instant.

Parle-nous de tes plus belles fiertés professionnelles. 

J’ai été sur la couverture du figaro magazine en 2016 pour les journées du patrimoine je ne m’y attendais pas du tout. Stéphane Bern a fait mon portrait pour la journée de la femme le 8 mars 2017. C’était incroyable de penser que ma façon de voir la vie que j’aime tant, pouvait inspirer.

Quels sont tes autres centres d’intérêt, à part ton métier ?

L’ethnologie, les civilisations primitives, l’écologie, l’environnement, la nature en général, les animaux, et l’amour des autres qui se développe par mille biais.

Pour toi, la déconnexion, ça représente quoi ?

Une lutte essentielle pour rester un peu libre. Beaucoup de discipline. Éteindre poser son portable, s’astreindre à des règles. Accepter d’être différent. Éviter les applis. Lire des livres papier, écouter la nature, faire des activités incarnées et manuelles. Aujourd’hui cela demande beaucoup de mal.

Qui vient s’isoler chez toi ?

Tout type de personne, des familles, des architectes, des acteurs et des étrangers qui ont cette image encore gracieuse et personnelle de la France non dénaturée, très rare aujourd’hui.

Quelle est la population la plus touchée par l’addiction aux écrans selon toi, et pourquoi ? 

Les enfants à cause des parents qui s’en servent comme baby sitter !

Ton portable à toi, comment lui fixes-tu des limites ?

Je le hais. Pas assez de limites mais avec ma fille d’avantage. Je le pose parfois.

 J’essaie de le laisser dans mon sac quand je vais quelque part et quand je fais quelque chose. Je réponds moins spontanément. Prochain objectif, j’aimerais le laisser de côté à 19h30 et ne le reprendre qu’à 9h le lendemain sans commencer par whatsapp. J’ai enlevé Facebook aussi. Je ne vais plus sur les réseaux sociaux sauf Instagram pour le château.

Il ressemble à quoi ?

Rien de particulier.

A quel moment apprécies-tu le plus de le lâcher ?

Quand je fais une activité manuelle, j’adore ça.

Ta recette à toi, pour ta déconnexion personnelle ? 

Les activités manuelles.

Quels sont tes projets à court terme ? 

Faire de mieux en mieux ce que j’aime, sans me laisser influencer et c’est comme cela que je transmettrai le mieux et que j’attirerai le plus, c’est de l’énergie et de l’amour envers soi qui rebondit vers les autres. Cela oblige à écouter sa petite voix intérieure, donc faire silence, se déconnecter des autres et là, les choses viennent naturellement à leur juste place. La communication vient seule ensuite car ce qui est juste attire. C’est la règle de la nature et de l’univers.

Ou Dieu si on croit. C’est essentiel. J’ai arrêté de me demander ce que voulait les gens. Je me suis demandée ce que je voulais moi car on attire les gens qui vous corresponde quand on fait quelque chose de juste. Il n’y a pas à se soucier en fait. Sinon on fait quelque chose de neutre qui ne correspond qu’à un produit de consommation et c’est sans odeur ni saveur finalement. C’est même triste.

La dernière version de notre site sansmonportable.com recense « les trésors », les lieux notamment, hôtels, restaurants, endroits cachés où la déconnexion prend tout son sens. 

Tu en connais un autre à nous faire partager ici ?

À Moustiers Sainte Marie nous avions aimé l’hôtel particulier des lumières.

Notre site te permettra aussi de te faire connaître auprès de notre réseau…prêt à ouvrir ton compte, créer ta fiche ?

Si c’est très rapide oui !

Et si nous imaginions un événement ensemble, une action, un atelier, une conférence pour développer notre visibilité et nos savoir-faire communs, tu serais partante ?

Oui.

Si par bonheur tu voulais soutenir l’association, pour 1 an, tu trouveras ici pour 15€, le lien te permettant d’apporter ta contribution…

https://www.helloasso.com/associations/sans-mon-portable/adhesions/association-sans-mon-portable-2021

OK, je vais regarder cela.

Et si on souhaite suivre ton actualité, te consulter ? Où te retrouver ?

Instagram chateau_de_troussay

Château de troussay.com

 

A très bientôt chère Isaure, restons en contact !

A bientôt, Boris !

 

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