Bonjour Isabelle. Ravi de faire ta connaissance ici !
Ravie également de découvrir ton activité au travers de cet échange !
Avant tout, tu nous parles de ton parcours ?
Très bien, je viens du monde de l’entreprise, un monde dans lequel j’ai travaillé plus de 20 ans, essentiellement dans le domaine des ressources humaines. J’ai tout d’abord fait du recrutement, puis j’ai bifurqué vers la mobilité internationale où je me suis spécialisée dans l’immigration professionnelle et de haut niveau.
J’ai vraiment été passionnée par ce métier, par les échanges qu’il me permettait d’avoir avec des clients dont les origines et les fonctions pouvaient être très variées. A chaque nouveau dossier, je voyais l’humain derrière la problématique et je tentais au mieux d’alléger le stress que pouvait représenter une expatriation à long terme. Puis, au fil du temps, mon travail s’est transformé, la dimension humaine a peu à peu cédé sa place au digital. Moins de relations humaines et une charge de travail exponentielle ont eu raison de ma résistance, j’ai alors commencé à penser à ma reconversion.
Je me suis tournée dans un premier temps vers la sophrologie à laquelle je me suis formée pendant 2 ans. Puis, c’est grâce à une commande de mon ex-employeur que j’ai monté mes premiers modules de formation sur la gestion du stress.
Cette première étape a été décisive parce qu’elle m’a confortée dans mon choix de vie : soulager le monde de l’entreprise en apportant in-situ des solutions pour gérer le mal-être, anticiper les burn-out ; mon but en résumé est d’agir avant qu’il ne soit trop tard. Je me donne pour mission aujourd’hui d’apporter les fondamentaux du mieux vivre au quotidien, au travail et dans la vie par extension.
Ton métier de formatrice aujourd’hui, tu nous en parles ?
Je propose des formations aux entreprises de tous les secteurs, aux institutionnels et aux associations depuis 2018. Leur particularité réside dans leur format court et à la carte. L’entreprise monte son programme en fonction de ses besoins, de son budget et de son timing (de 2 heures à une journée).
Elles ont une particularité : elles allient connaissances théoriques et exercices pratiques. J’ai compris que lorsque le cerveau est saturé, il faut impérativement revenir à l’expérience et à l’instant présent; de ce fait, les exercices pratiques ont une place essentielle dans mes formations. Je suis convaincue que l’intégration des connaissances passe par le corps !
Raconte-nous l’une de tes plus belles réussites.
Je suis intervenue récemment au sein d’un groupe qui s’est révélé dès le début hostile à la formation « gestion du stress ». J’ai compris en échangeant avec eux que la formation leur était imposée par la direction. Ce groupe composé à 100% d’hommes est donc arrivé très fermé, tant dans la posture qu’au travers des commentaires (« nous on n’est pas stressés, on n’a rien à faire ici !»). Et bien, j’ai vu au fil de la matinée leur posture s’ouvrir, leur intérêt pour le sujet s’est révélé à eux. Ils ont tous, petit à petit, laissé tomber leur bouclier pour laisser place à l’expérience.
Et en fin de formation, leurs visages étaient transformés, détendus, souriants.
Comment expliques-tu qu’il soit si difficile de faire prendre conscience à tous, de l’importance de cette addiction ?
D’une nécessité professionnelle au départ, les outils numériques sont désormais installés dans tous les foyers. Il est désormais indispensable au travail et dans la vie privée, de ce fait, les limites sont de plus en plus brouillées…et cela et encore plus vrai lorsque les échanges professionnels et privés arrivent sur les mêmes supports.
Aujourd’hui, toutes les sphères de la vie (travail, santé, famille, éducation, loisirs, spiritualité…) passent par le digital : à moins de choisir de vivre dans une grotte, on est obligé d’utiliser les outils numériques pour chercher de l’information, pour communiquer, organiser, échanger…
Cette utilisation massive peut amener progressivement à ne jamais décrocher, et cela se fait parfois si progressivement que l’addiction s’installe quasiment inconsciemment.
On peut parler d’addiction lorsque le numérique prend le pas sur la vie. La véritable question à se poser est : « Est-ce mon lien au téléphone/ordi/tablette/TV m’empêche de faire certaines activités ? Est-ce que je loupe des évènements pro ou privés à cause d’eux ?
Il est difficile de s’en rendre compte car il n’y a quasiment plus d’instant déconnecté. Alors pour savoir si l’on est concerné par l’addiction, pourquoi ne pas tenter de vivre « un jour sans », s’obliger à n’utiliser aucun outil numérique et voir ce qui surgit ?
C’est une expérience à vivre également en famille, et c’est souvent l’occasion de se redécouvrir, de créer, de jouer.
Il est important au final de pousser sur le bouton « pause », parce que les pauses n’existent plus : chaque moment d’attente, de calme, de « vide » (au supermarché, à la boulangerie, chez le dentiste, dans les transports…) est occupé par le digital.
Notre cerveau ne connait plus du tout de moment de respiration qui lui permet de se reposer, de s’oxygéner, de se régénérer. Nous l’épuisons sans même nous en rendre compte !
N’oublions pas que cela impacte à moyen terme le sommeil et la santé de façon générale.
Observes-tu que le Droit à la Déconnexion peine à se concrétiser en entreprise ? Comment l’expliquer ?
Tant que les acteurs eux-mêmes auront du mal à décrocher, ce sera difficile à mettre en place….
Et le droit à la déconnexion, cela revient parfois à arrêter le temps, dans un monde où tout ne fait que s’accélérer, c’est aller à contre-courant…
Peut-être que la crise que nous traversons ramènera l’homme au centre des préoccupations, il en va de la survie de l’espèce, et celle-ci en période de crise cherche à s’adapter à son nouvel environnement…
Quelle est pour toi, la population la plus addict, en entreprise ou ailleurs ?
Je pense que les jeunes sont les plus addicts car élevés avec ces technologies. Ils n’ont jamais vécu sans pour la plupart…
Et en entreprise, j’ai vu beaucoup de dirigeants et postes managériaux ne jamais décrocher. C’est une manière certes d’optimiser leur travail, mais n’oublions pas que c’est une quête infinie parce qu’il n’y a souvent aucune limite au volume de travail. Et par ailleurs, la perfection est par essence inaccessible, elle n’existe pas, donc il faut mettre un terme à l’amélioration obsessionnelle, au contrôle absolu de tout ce que l’on gère…
Ton quotidien ça ressemble à quoi ? Du temps pour toi ?
Je partage mon temps professionnel et mon temps personnel de manière équilibrée, avec des plages réservées à l’un et à l’autre. Ce sont à mon sens des repères essentiels à mettre en place quand on est indépendant.
Et par ailleurs, je mets en pratique ce que je transmets dans mes formations.
Donc je décroche dès que je sens la saturation approcher. Je m’oblige à me lever de mon bureau toute les heures pour remettre mon corps en mouvement, et donc décompresser mon cerveau.
En tant que sophrologue, je reçois également en consultation des personnes qui vivent un burn-out, une dépression, une insomnie, un mal-être plus ou moins profond. Les médecins sont mes prescripteurs principaux.
Je dois avouer que le confinement m’a obligée à faire des téléconsultations ! Et contre toute attente, elles permettent une proximité que je n’imaginais pas possible avant, c’est très surprenant !
Parle-nous de tes passions !
Le yoga est la première de mes passions. Je l’ai découvert il y a près de 20 ans et il m’a permis de ralentir, de me reconnecter à moi-même, et il m’apporte encore beaucoup au quotidien. Je donne d’ailleurs 2 cours hebdomadaires le soir, et là aussi, je suis passée à la télétransmission pour ne pas lâcher mes élèves!
Autres passions : randonnée, vélo, natation…Je ressens beaucoup de bien-être à me balader dans la nature, au bord de l’océan, des lacs. J’aime faire du vélo dans cet environnement, et les Landes, ma région d’adoption, m’offrent tout cela.
Et puis, une autre passion très récente : je chante dans une chorale ! C’est une activité que j’ai découverte il y a 3 ans et qui en plus du côté convivial m’apporte un bonheur que je n’aurais jamais imaginé. Le chant est très énergétique, il se passe beaucoup de choses dans le corps, les poumons, le cœur, c’est véritablement régénérant !
Et last but not least, je me suis mise pendant le confinement à la peinture…
Ton portable à toi, est-ce un ami ou un ennemi ?
Mon portable est mon lien avec l’extérieur et c’est un grand ami. Mais je suis vigilante ; je ressens dans mon corps quand il est temps pour moi de le mettre de côté et de faire une pause.
Et pour préserver ma concentration, j’ai depuis longtemps mis en sourdine toutes les notifications de mes messageries et des réseaux sociaux….
Au début du confinement, je l’ai énormément utilisé, et j’ai ressenti dès la première semaine une saturation intense, une tension dans mon cerveau, mes oreilles, ma mâchoire…
Alors j’ai pris mes distances : je fais en sorte de ne pas passer plus de 2 heures en conversation et je ne consulte mes messages (WhatsApp, mails, réseaux sociaux)… que 2 fois par jour. C’est d’ailleurs mon grand conseil : Gardons notre liberté et choisissons nos temps de connexion, ne soyons pas les esclaves de nos appareils !
A quel moment apprécies-tu le plus de le lâcher ?
Lorsque je fais des activités (sports et loisirs), et en ce moment pendant la marche autorisée d’une heure, je fais en sorte de ne pas appeler ni prendre d’appel. Je veux vivre l’instant de la marche à 100%, marcher à l’affut de sensations : voir le paysage, entendre les oiseaux, gouter la pluie, sentir le parfum de la nature, ressentir le vent sur ma peau ; lorsque je suis seule, j’invite le silence pour laisser émerger soit des sensations, soit des idées… C’est fou ce qui survient dans ces moments là !
Quels sont les projets à court terme d’Objectif QVT ?
En plus des formations, je viens de lancer des ateliers pour être zen, toujours dans l’objectif d’apporter de la détente en entreprise et des moments de convivialité entre collègues : hatha yoga, yoga du rire, méditation pleine conscience, sophro-ludique…
Ce sont des moments à 100% « sans mon portable » !
La nouvelle version de notre site recense « les trésors », les lieux notamment, hôtels, bars, endroits cachés où la déconnexion prend tout son sens. Tu en connais un à nous faire partager ici ?
Oui, je pense à un endroit qui s’appelle Le Petit Pontbiel à proximité de Dax. C’est un gite logé au milieu d’une forêt de pins qui invite vraiment au lâcher prise. Le lieu dispose d’une salle magnifique dans laquelle je prévois d’ailleurs un stage de yoga en mai…si la sortie de confinement le permet…
Nous sommes en recherche permanente de visibilité et de partenaires, pour faire connaître notre message et nos initiatives, une idée à nous donner ?
Et bien, de contacter le Petit Pontbiel… Et pourquoi pas les abbayes qui sont nombreuses à proposer des temps de pause et de silence, des activités culturelles, artistiques etc…Les lieux sont en général loin du tohu-bohu, proches de la nature et par essence, ressourçant !
Et si nous imaginions un événement, une activité déconnectée ensemble ? Quelle serait-elle ?
Je propose un « WE sans mon portable » qui serait aussi un « WE détox » dans un lieu ressourçant avec au programme des activités yoga, sophro, méditation, yoga du rire, randonnée, ou tout autre activité déconnectée!
Ce serait un temps de remise en forme cérébrale, un nettoyage qui passerait aussi par une bonne table, de la convivialité, des jeux, un WE pour vivre ensemble !
Un programme à monter ensemble ?
Enfin, si tu souhaites soutenir les actions de notre association, voici pour toi la possibilité d’adhérer, pour un an, sur le lien suivant, pour 15€ seulement :
Et voilà, c’est fait Boris !
A bientôt chère Isabelle, donne de tes nouvelles!
Et d’ailleurs, où et comment suivre ton actualité ?
https://www.facebook.com/sophrosudouest/
https://www.linkedin.com/in/isabelle-mercui/detail/recent-activity/shares/