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Interview de Bérengère Desmettre

Bérengère Desmettre

Bonjour Bérengère, merci d’avoir répondu à notre invitation !

Avec plaisir !

Pouvez-vous nous parler de vous, de votre parcours ?

Depuis plus de vingt ans, je suis artiste : journaliste, écrivain, photographe, dessinatrice et modèle. Dans une autre vie, j’ai, aussi, œuvré dans le spectacle vivant mais c’est très très ancien… 

Parlez-nous de vos plus belles fiertés dans le cadre de vos activités, votre métier ?

Je suis fière de mes livres. Comme je travaille beaucoup dans et avec le temps, mes livres sont longs à faire pour la quantité de matières (textes, photos ou dessins) qu’ils me demandent de créer. Et puis, surtout, c’est malheureusement toujours un parcours du combattant pour les sortir. Mais chaque livre qui paraît me remplit de bonheur et de joie. 

Ensuite, je suis aussi très très fière des séries de cartes postales que j’édite en tirage limité chaque année depuis 2010 avec toujours le même souci de qualité tant au niveau de l’impression en offset (de plus en plus rare…) qu’au niveau du contenu. La réalisation de cette œuvre dans sa globalité (de 2010 à 2027) demande une très grande endurance mais les joies et bonheurs qu’elle me procure sont inestimables, notamment dans les multiples retours que j’en ai des gens à qui je les offre rituellement. 

Enfin, il y a certains de mes reportages dont je suis particulièrement fière…

Votre quotidien, ça ressemble à quoi ? Du temps pour vous ?

Je me lève en général vers 7 heures même le dimanche car je travaille aussi ce jour-là (même si je m’accorde souvent une bonne et belle promenade dans les bois que je vois depuis la fenêtre de ma cuisine). Je prends un petit déjeuner conséquent car j’ai toujours faim le matin. 

L’un de mes rituels est de boire mon café, assise à mon secrétaire dans ma chambre. C’est un instant particulier… un temps à moi… nécessaire pour bien commencer ma journée.

Ensuite, je fais mes exercices d’étirements et prends une douche. Puis je me mets au travail dans mon atelier ou je file à mes rendez-vous sur Paris. Je fais une pause pour déjeuner et j’essaye, même si c’est rapide, de manger sainement et de façon équilibrée puisque très souvent je travaille chez moi. En début de soirée, je dîne très légèrement puis vais dans ma chambre pour lire soit un ouvrage qui concerne un projet sur lequel je travaille soit faire une autre lecture plus divertissante. 

Quand je suis en déplacement, en voyage, en reportage, mon quotidien est évidemment totalement différent et doit s’adapter à un nouveau contexte à chaque fois. 

Comment avez-vous découvert « Sans Mon Portable » ?

Je ne l’ai pas découvert c’est vous qui m’avez découverte !

La Digital Detox, ça vous parle ? 

Oui . J’ai vu émerger ce concept il y a quelque temps maintenant et il m’a semblé juste car lorsque la balance penche trop d’un côté, tôt ou tard, la vie apporte toujours un contrepoids. Le Digital est devenu si présent, trop présent dans nos vies qu’il était évident que sa désintoxication, ou au moins le projet de sa désintoxication, allait émerger. C’est sain.

Si je vous dis que mon métier c’est Coach en Digital Detox, vous pensez à quoi précisément ?

Je pense à une personne qui conseille et apprend une autre personne à savoir se passer du Digital dans les moments de la vie où finalement le Digital n’est franchement pas nécessaire… Et il y en a plein… Heureusement.

L’hyperconnexion, c’est une vraie addiction selon vous ? 

Oui. Je l’ai éprouvé à petite échelle sur moi, et je n’ai pas aimé du tout ce que cela générait en moi. Alors j’ai appris à me mettre des limites, à interdire certains réseaux sociaux sur mon téléphone comme Facebook et LinkedIn que je consulte, maintenant, uniquement sur mon ordinateur. 

D’ailleurs, j’évite toute connexion aux réseaux sociaux – Instagram y compris – le dimanche et durant les vacances. 

Je me redonne la joie du secret et l’élégance de la pudeur, de ce qui ne sera pas dit ni montré sur les réseaux sociaux et qui n’appartient qu’à moi et à mes proches. Et plus le temps passe, moins j’ai envie de dire de moi sur les réseaux sociaux que j’utilise uniquement pour des raisons professionnelles.

Quelle est la population la plus addict selon vous ? 

Je pense qu’il n’y a pas une population plus qu’une autre… Toutes les populations sont atteintes…

Savez-vous ce qu’est un Smombies ?

Absolument pas… En tous les cas, le mot est horrible.

Votre portable est un ami ou  un ennemi ?

Ni l’un ni l’autre. C’est un outil auquel j’ai appris à mettre des limites quand j’ai considéré qu’il prenait trop de place dans ma vie. La place dans ma vie, je la réserve à la vie, à l’humain, à la nature, à l’art évidemment… 

Mon portable m’est nécessaire pour travailler et est devenu incontournable en reportage. Car il me permet de résoudre tous problèmes auquel je peux me trouver confrontée, et a aussi les GPS et applications météorologiques qui me sont nécessaires pour mon travail. Mais… j’essaye de le mettre en silencieux quand je suis en interview et sur certaines prises de vue qui me demandent une concentration particulière. Pour pallier à la nécessité d’être à l’heure dans la succession de mes rendez-vous, j’ai remis une montre à mon poignet. 

Et puis… quand je pars me promener dans les bois, je le laisse dans mon atelier. Quand je suis à mon cours de danse, il est éteint. J’évite le plus possible de l’utiliser lorsque je déjeune ou dîne avec des amis. J’ai appris, et apprends encore, à le mettre en silencieux autant que possible et plutôt au fond de mon sac de préférence. Je lui applique les mêmes règles lorsque je suis en vacances. 

Par ailleurs, au quotidien, je n’utilise pas mon téléphone quand je suis dans ma chambre et j’évite sa présence au maximum dans ce lieu. J’ai l’habitude de dire qu’il est « interdit de séjour dans ma chambre ». Je me suis rachetée un petit réveil. Je coupe mon téléphone, le mets à recharger dans ma cuisine toute la nuit et je ne le rallume qu’une fois ma douche prise le lendemain matin. 

A quel moment appréciez-vous le plus de le lâcher ?

Oh ! à chaque fois que je le lâche !! Je me porte très bien de ces décisions de limitations d’utilisations que j’ai prise au fur et à mesure des mois et des années car j’adore le temps que cela me donne pour moi. C’est un vrai plaisir. Une réappropriation de MON temps, de mon indépendance morale, de ma liberté de pensée. C’est une porte ouverture… et un espace de sérénité à la fois.

Parfois j’ai même la sensation jubilatoire de voler à la société un bonheur qu’elle m’a prise en créant cet outil qui m’empêche trop souvent d’être pleinement dans l’instant de la vie, là, ici, maintenant. 

J’ai eu la grande chance de connaître la vie sans téléphone portable dans les débuts de ma vie d’adulte. J’ai eu mon premier téléphone portable à l’âge de 25 ans car il commençait à arriver massivement dans la société. J’ai fait comme tout le monde, j’ai acheté mon téléphone. Avant ce temps, les journées étaient incroyablement extensibles. Il s’y passait tant de choses et j’avais le temps de tant de choses ! Je retrouve cette sensation dès que je coupe mon téléphone.

Quelle est pour vous la meilleure manière de déconnecter ?

Euh… couper le téléphone, le ranger dans un coin, se donner des limites, toutes les manières sont bonnes si on est en accord avec, me semble-t-il. Il est impossible de déconnecter si ce n’est pas fait de sa propre volonté, si ce n’est pas le fruit d’un besoin vital nécessaire. C’est égal à n’importe quelle addiction ! Et ce qui est bien et gratifiant dans cette démarche tout de même à contre-courant de la société: moins on se connecte moins on a envie de se connecter !

Et vous, où iriez-vous pour vous déconnecter si vous décidiez de vous isoler ? 

Dans ma chambre !

Vos projets à court terme ?

Continuer à développer mes reportages sur mon blog, je pars en reportage notamment fin septembre à Bourges et tout début octobre à Orsans pour réaliser un gros travail autour de Gustave Courbet. Finir de préparer ma prochaine exposition d’aquarelles dont le vernissage est le 19 octobre à Mortagne-au-Perche. Et puis continuer d’avancer sur différents travaux : dessins, livres, série de cartes postales etc.

Une idée d’événement déconnecté, à organiser (avec vous par exemple), ce serait quoi ?

C’est-à-dire ?… La plupart des évènements que j’organise sont à caractère purement professionnels et donc pour le coup, j’ai besoin des réseaux sociaux et de la connexion. En dehors de cela, tout ce qui est à caractère privé et personnel ne concerne que mes proches et je n’ai, heureusement, pas attendu la question de la connexion ou de la déconnection pour les organiser 😉 Mais, ai-je bien compris votre question ?…

« Sans Mon Portable » est à la recherche de subventions, une idée ?

les fondations ? les entreprises qui font du mécénat ? 

Enfin, je vous glisse ici le formulaire d’adhésion à notre belle association…au cas où ? 25€ nous aideraient déjà beaucoup…

https://www.helloasso.com/associations/sans-mon-portable/adhesions/adhesion-a-l-association-sans-mon-portable-1

A bientôt Bérengère, donnez-nous des nouvelles !

Bien sûr ! 

Photo : Barbara Moors.