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Interview d’Agnès Gagne (éco-accompagnante)

Agnès Gagne

Bonjour Agnès, peux-tu te présenter en quelques mots ?

Bonjour ! Je m’appelle donc Agnès. Si je devais définir mon métier, ce serait « éco-accompagnante », qui signifie pour moi accompagner les personnes qui se sentent bloquées ou figées dans une problématique à avancer, en prenant en compte le contexte environnemental, systémique voir socio-culturel de leur situation. Avec l’hypnose ericksonienne et la bibliothérapie, je mets tout en oeuvre pour que mes clients retrouvent en leur for intérieur les subtilités qu’ils avaient mises de côté et ainsi avancer à nouveau avec sens et conviction.

Parle nous de ton parcours

Je n’ai pas toujours été accompagnante, mais j’ai toujours été très proche de la nature. J’ai débuté ma vie professionnelle en tant qu’ingénieur packaging. Le greenwashing et l’appât du gain ont eu raison de mes illusions. C’est au moment où personnellement je passais au zéro déchet que j’ai fait ce constat amer: j’étais payée à remplir les poubelles.

J’ai cheminé un long moment avant de devenir accompagnante. Cela m’a permis de me reconvertir en sachant pourquoi.

Tes satisfactions dans tes missions d’aujourd’hui ?

La joie et l’enthousiasme de mes client.es à la fin d’un accompagnement est le moteur numéro un. Être accompagnant.e, c’est aussi être entrepreneur: il y a mille choses à faire en dehors des séances: communication, compta, formation continue.. les journées sont denses et j’aime cette variété. Être à son compte exige de toucher à tout et de savoir déléguer.

Aussi, du fait d’être libre de mon emploi du temps, j’ai pu dégager des créneaux pour m’investir personnellement dans des associations (ou en donnant régulièrement mon sang par exemple). J’aime cet équilibre entre ma vie privée/ professionnelle et citoyenne. C’est essentiel pour moi.

En quoi ton job d’aujourd’hui fait-il sens pour toi ?

Il est clair que je ne vais pas sauver la planète avec mon métier. Mais je suis convaincue que face aux enjeux actuels que nous traversons, ma modeste contribution à redonner un équilibre émotionnel aux personnes qui viennent me voir est déjà un grand pas. Être mieux avec soi-même, c’est pouvoir cultiver des relations harmonieuses avec les autres et le monde qui nous entoure.

Quelle serait selon toi, autour de soi, la meilleure manière d’agir contre l’hyper-connexion numérique et ses conséquences ?

Cette hyper connexion est tellement présente dans nos vies que je crois qu’une prise de conscience collective est nécessaire pour faire bouger les choses. Nous manquons aujourd’hui cruellement de lien entre nous et avec la nature. Prêter un regard, une attention à ce qui nous entoure plutôt qu’à un écran est déjà un premier pas.

Comment t’y prends tu toi-même ?

J’essaie d’avoir un rapport le plus détaché avec mon smartphone. Je me l’interdis dans les transports en commun par exemple. Je choisis aussi les moments où j’appelle/ je réponds: Je veux être présente à 100% pour mon interlocuteur/trice et il est quasiment impossible de me joindre au premier coup ! 🙂

J’ai aussi fait un gros tri dans les applications: sont-elles toutes vraiment nécessaires ? A l’époque un de mes premiers « gestes » a été de désinstaller toutes les applications impliquant des achats. En plus de de me décrocher de mon écran, mon porte-monnaie m’a remercié.

A la maison, nous jouons aussi beaucoup aux jeux de société plutôt que de regarder la télévision.

Qu’est-ce que l’éco-anxiété exactement ?

L’éco-anxiété, si je peux résumer ainsi, c’est l’incapacité de continuer à vivre sereinement dans ce monde anxiogène. C’est ce sentiment que nous courrons tout droit à la perte du vivant et de notre planète, de rien pouvoir y faire et de ne plus trouver de sens à tout cela: nous sommes tiraillé-e-s entre la culpabilité de ne pas en faire assez et l’injustice de subir l’inaction des autres.

Elle est caractérisée par une anxiété prononcée mais se manifeste de diverses manières: perte de sens dans son job, problèmes relationnels avec ceux qui n’ont pas les mêmes engagements, questionnement sur le désir d’enfant…

Ce n’est pas une pathologie en tant que telle, mais si elle s’installe et perdure, elle peut agir comme catalyseur pour développer une pathologie psychique par la suite (une phobie sociale, par exemple). D’où l’interêt de se faire accompagner avant que cela dégénère.

Comment la traites-tu ?

Tout d’abord, je tiens à préciser que je ne « traite » pas (ce terme est réservé au domaine médical). J’accompagne les éco-anxieux /anxieuses à être capables de « dealer » avec l’incertitude dans laquelle nous vivons et s’ancrer dans le présent. Cela passe par des choses très terre-à-terre: retrouver le sommeil, trouver du sens à notre vie, accepter sa finitude…

Connais-tu un « lieu pépite » à partager avec nous, qui est pour toi particulièrement propice à la déconnexion, au ressourcement ? Lequel ?

Je me sens particulièrement à l’aise au bord de l’océan (ou d’une rivière). Le bruit des vagues, du courant, le reflet de la lumière… Tout est propice à l’émerveillement et à vivre l’instant présent. De part mes attaches familiales (je suis auvergnate), j’ai aussi une tendresse particulière pour les volcans. En activité ou non, un paysage volcanique me fascine toujours.

Et si nous montions une action de sensibilisation ensemble, comment et où l’imaginerais tu ?

Sans aucun doute elle inciterait les personnes a recréer du lien en sachant leur téléphone. Et si on proposait à des restaurants des boites où déposer les téléphones à l’entrée ?

Quels sont tes projets à court ou moyen terme ?

J’en ai tellement ! Mais le premier à la rentrée sera de développer des cercles de paroles sur l’éco-anxiété dans la métropole bordelaise.

Parmi tes rêves, lequel te tient le plus à cœur ?

Ma baguette magique est déjà bien overbookée: Injustice, inégalités, racisme… Choisir c’est renoncer. Mais sur ces terrains-là c’est hors de question.

Ton mot positif de la fin ? Une bonne nouvelle à partager ?

Souriez, vous êtes beaux ! 😀

Merci Agnès !

Merci à toi et à bientôt !

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