Interviews

ITW d’Hélène Cabrera. Art-Thérapeute. Lille

Hélène Cabrera

« Bonjour Hélène Cabrera comment vas-tu ?

Bonjour Boris, Météo au Beau fixe, et toi ? 😉

Parle-nous un peu de toi, ton parcours…

Croqueuse de vie, j’ai le sentiment qu’à presque 40 ans, j’en ai déjà vécu plusieurs tant je sens ma vie riche d’apprentissages. Pourtant, il y a encore tant à découvrir, recevoir et partager! Mon parcours est empreint de pluridisciplinarité grâce à mes loisirs qui ont beaucoup tourné autour des activités physiques et sportives mais également artistiques et aussi aux enseignements qui s’y sont rattachés au niveau de l’animation, de l’accompagnement et de la relation d’aide, de l’éducation, de la psychologie, de la communication… Après un DESS en aménagement touristique et gestion des loisirs où l’importance du mot « loisirs » rimait déjà avec « plaisir » (et donc source de bien-être), c’est bien à travers l’expression artistique et ma passion pour l’art-thérapie que j’ai trouvé la synthèse de mes en-Vies ! Je ne dirai pas que je chanterai, dessinerai ou danserai du matin au soir mais j’utilise moi-même régulièrement ces modes d’expression pour dédramatiser des situations, me sentir vivante ou encore partager du plaisir. Ce qui me plaît, c’est sentir en moi ce processus de création comme un état méditatif qui favorise vraiment un mieux-être. J’ai voulu petit à petit amener les bienfaits de l’expérimentation du processus créatif et artistique dans mon champ professionnel, jusqu’à vouloir en faire mon métier. J’ai ainsi suivi naturellement une formation certifiante d’art-thérapeute auprès de l’AFRATAPEM. 

 Parle-nous de ton job d’aujourd’hui, et de ce qui te plait particulièrement ?

Ce qui me plaît dans l’art-thérapie, c’est que cela fait vivre l’Art pas seulement à travers l’observation ou l’étude de tableaux, mais que l’approche permet également aux personnes de se révéler grâce au processus créatif, de sentir ses potentialités, de prendre confiance en soi, de trouver l’élan vital, de libérer ses émotions, d’ouvrir son regard face au changement et apprécier la saveur de la vie. Tout ceci sans forcément passer à chaque fois par du verbal ! Le métier d’art-thérapeute ouvre sur de riches expériences humaines et demande adaptabilité, humilité et créativité car il faut savoir se remettre toujours en question face aux problématiques variées (physiques, psychiques, sociales…).

 Parle-nous de tes principales réussites ici, une anecdote ?

Ma première réussite est sur le plan personnel, la famille que j’ai créée avec mon mari. C’est d’ailleurs ma plus grande fierté ! Sans elle, je ne serai jamais là où j’en suis et n’aurais pas compris combien ce métier était important pour moi à la fois dans la place qu’il représente dans ma vie et celle d’autrui. Je me sers moi-même de l’expression artistique pour dépasser mes peurs, m’aimer un peu plus chaque jour, être en lien avec ceux que j’aime et leur donner aussi du plaisir. J’ai vraiment réalisé que c’était ce qui m’animait quand j’étais dans la relation d’aide et d’accompagnement avec l’autre. Mais pour pratiquer avec l’autre, il est important d’avoir suffisamment expérimenté et pris de distance sur soi.

Aussi, sur le plan des réussites vis-à-vis d’autrui, ayant toujours à cœur de ne pas favoriser un exemple plutôt qu’un autre, je préfère juste dire que tous les « petits mots », les « témoignages » me touchent et encore davantage quand ceux-ci sont dit avec le regard, les sourires directement.  Pour autant, j’ai été particulièrement touchée de savoir que j’avais pu moi-même redonner l’envie de créer à la personne qui m’avait fait découvrir ce beau métier et qui est elle-même artiste. J’ai également été fière de voir une thérapeute qui est pour moi une référence dans son métier et qui se disait « nulle en dessin », retrouver le goût et l’envie de pratiquer à nouveau son travail qu’elle avait délaissé à cause de sa maladie. Mais je suis tellement pleine de gratitude envers toutes ces personnes qui m’ont suffisamment fait confiance pour leur redonner leur propre confiance…en elles 😉

Comment as-tu découvert l’association « Sans Mon Portable » ?

Linkedin ;-), ce qui m’a permis de comprendre son but 😉 et je ne peux que vous encourager à poursuivre la sensibilisation à la Digital Detox.

La Digital Detox ça te dit quoi ?

Savoir se déconnecter des écrans pour non seulement vivre le moment présent mais surtout pour privilégier nos relations vraies, vivantes, en chair et en os car nos neurones miroirs ont absolument besoin de la présence physique des autres pour être en résonnance empathique et permettre à notre cerveau de se développer normalement!  Sans cette présence physique, notre cerveau risque de limiter son potentiel et donc de voir apparaître des troubles relationnels ! Pour en comprendre l’importance, je vous recommande vivement l’ouvrage « Votre cerveau n’a pas fini de vous étonner » (Livre de Poche 2012) écrit parun collectif de scientifiques médecins et aussi chercheurs tels que Boris Cyrulnik, Pierre Bustany, Jean-Michel Oughourlian, Christophe André, Thierry Janssen et Patrice Van Eersel.

En quoi l’hyper-connexion peut-elle être une vraie addiction ?

Cela peut devenir une addiction et cela sans même s’en rendre compte ! Difficile parfois de le reconnaître.

Est-ce une addiction «citadine » selon toi ?

Totalement !

 As-tu entendu parler récemment des « Smombies » ? Tu  en connais ?

C’est un mot nouveau. Personnellement, je n’en connais pas et je parlerai davantage de comportements « smombies » car je n’aime pas catégoriser les personnes. C’est comme lorsqu’on parle de personnes « toxiques »…nous sommes tous « toxiques » pour quelqu’un. C’est la nature de la relation avec les choses ou les personnes qui est, ou non, problématique.

 Autour de toi, dans ton proche entourage, tu as aussi des gens hyper-connectés ? Tu veux nous raconter ?

Concrètement, ça me parle car j’ai été moi-même hyper-connectée pour développer mon activité professionnelle via le Net il y a quelques mois, et pendant quand même un bon moment puisque j’ai démarré mon activité il y a 4 ans. Il faut dire que c’était pour moi un moyen de communication peu onéreux mais pas sans contrainte et ni risque… A un moment donné, je ne me suis pas rendue compte combien cela avait pris de la place dans ma sphère privée jusqu’à ce que plusieurs personnes de mon entourage m’en aient fait prendre conscience. J’ai pu entreprendre moi-même une Digital Detox pour me déconnecter de mon téléphone portable, pour être plus présente à moi-même et auprès de ceux qui m’entourent. Quand on est auto-entrepreneur, bref chef d’entreprise, il est facile de laisser s’entrecroiser les sphères personnelles et professionnelles. D’où le fait que je m’autorise désormais à ne plus répondre à la minute à mes mails, textos, ni me précipiter sur mon téléphone portable dès qu’il vibre, s’allume ou autre…je me mets désormais des règles. Et ça fait tellement un bien fou de se déconnecter, pour ne plus absorber toutes les informations de l’extérieur. J’ai réalisé à quel point cela peut être dangereux pour la santé physique, psychique et relationnelle ! 

Après, même si je connais aussi des personnes qui sont passées ou passent encore par là et qui auront peut-être du mal à se reconnaître, je pense qu’il est préférable que chacun soit libre de partager ou non son expérience 😉 …

Ton portable à toi, c’est un ami, un ennemi, les 2 ?

Je dirai un peu des deux…c’est un ami étrange en tous cas car aujourd’hui difficile de totalement s’en passer et est-ce bien nécessaire de s’en passer totalement … ? Il y a toujours un juste milieu à trouver. En prenant du recul, il m’a aidé pour mon activité professionnelle à faire parler de l’art-thérapie tout en me rappelant qu’il n’est pas infaillible non plus…il a ses propres limites. Et dire de lui que ce serait un ennemi ?! Ce serait pour moi, se déresponsabiliser quant à  son utilisation ! En tous cas, c’est certain, il ne remplacera pas un ami de chair avec qui tu partages des moments de ton enfance, de ton adolescence, de ta vie adulte, avec qui tu créeras des souvenirs, tu apprendras les vraies choses de la vie ! Un téléphone portable n’est pas un humain, c’est juste un outil à savoir utiliser.

A quel moment apprécies-tu le plus de le lâcher ?

La vie est tellement courte aussi, dès que possible 😉

Combien de temps serais-tu capable de t’en passer en réalité ? 2H, 24h, 48h, 72h ou une semaine ?

Maintenant, une semaine !!! Et même plus !!!

Quelle est selon toi la meilleure manière de se déconnecter ?

Mettre en silencieux le portable et aller tout simplement vers ce qui nourrit de l’intérieur. 

Selon toi, pourquoi notre association s’appelle « Sans Mon Portable » et pas « Sans Portable ? 

Elle incite davantage vers la conscience individuelle sur sa propre pratique …Pour changer le monde, il faut commencer par soi 😉

Si tu devais t’isoler loin de tout, tu irais où ?

Je reviendrais facilement au sommet de la Dune du Pyla pour observer ses merveilleux couchers de soleil ou sur le chemin des Incas pour revivre le trajet de nos anciennes civilisations…. Mais, pas besoin d’aller aussi loin …me retrouver dans mon atelier avec mon imaginaire créatif sans limite! C’est pour moi, ressourçant ! Et j’en ai beaucoup plus en mettant le portable en sommeil 😉

Une question indiscrète : ton rêve le plus fou ?

Partir avec ma famille sur la lune pour voir la beauté de la terre ! lol

A moindre échelle, continuer de vivre des voyages en famille à la rencontre des différentes cultures. Le monde est magnifique ! Autant le partager avec les gens qu’on aime !

En attendant, c’est ma pratique créative qui me permet un peu d’y accéder par les couleurs, la terre, la danse, la voix, le rire, les rencontres…. ! J’ai travaillé récemment avec des femmes réfugiées. C’était top en richesse et partages culturels !

Tes projets à plus court terme ?

Continuer de permettre à mes enfants et mon mari de se réaliser. Rendre mon cabinet avec mon espace créatif encore plus cosy 😉 pour ceux et celles qui viendront y vivre ou revivre des moments ressourçants. J’aimerais beaucoup allier ma pratique en libéral à une pratique de salariée en structure donc je poursuis mes actions en ce sens.

Une dernière question : Quelle idée d’événement déconnecté nous conseillerais-tu d’organiser, pour le bien de tous ?

Vivre une journée d’ateliers d’expression créative et de bien-être avec Art-vivance qui sont plein de vie, de créativité et de rencontres ! Sans modération ! Vous pouvez en devenir addict ! C’est bon pour la santé de tous ! 😉

 Qui nous conseilles-tu de contacter pour recruter un maximum d’adhérents ou trouver des subventions, pour financer nos actions ? Une idée ?

Peut-être des adhérents auprès des parents d’élèves des écoles, des CCAS, des associations de quartier ou de voisins, des syndicats professionnels (par rapport à l’hyper-connexion en entreprise ?), les réseaux de médecins. Pour les subventions ….les fondations, … l’ARS 

Un message personnel à faire passer ?

Faîtes des petites actions chaque jour pour devenir la personne que vous avez envie d’être ! Soyez inspirant, créatif ! Bref, soyez vivant ! Enjoy your life !

A bientôt Hélène, donne-nous des nouvelles !»

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