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Interview Ségolène de Kermel (Associée chez Digital Detox Institute – Paris)

Ségolène de Kermel

Bonjour Ségolène.  Ravi de pouvoir donner la parole à une professionnelle de la Digital Detox ! C’est assez rare.

Merci à toi de te mobiliser en ce sens !

Avant tout, tu nous parles de ton parcours?

En quelques mots, j’ai un profil école de commerce, j’ai travaillé 15 ans aux seins d’entreprises françaises et internationales, à des postes opérationnels puis de management. Tout cela m’a permis bien sûr d’expérimenter l’efficacité, la diversité, les richesses, les évolutions, et aussi les limites des organisations dans notre monde qui avance toujours plus vite. Un jour, une amie m’a proposé de m’inscrire avec elle à un programme en MBSR (Mindfulness Based on Stress Reduction), avec Coco Brac de la Perrière, sachant que j’ai toujours été très curieuse de tout ce qui touche au développement personnel et ce qui peut faire du bien !! J’y vais, même si assez sceptique sur ma capacité à lâcher prise…. Et là, en milieu de programme, c’est le déclic ! je découvre ce que propose la mindfulness : Ça n’est pas de prendre le contrôle sur mes pensées comme je l’imaginais mais porter attention aux voyants qu’expriment mon cœur et mon corps. Cette découverte m’a permis de reprendre, petit à petit, le contrôle de ma vie, en étant devenue, naturellement, attentive à mes ressentis. C’est à l’occasion d’un nouveau challenge professionnel que j’ai été confrontée à l’hyper connexion. Heureusement, j’ai su, par la nouvelle « lecture » que m’avait apportée ce stage en MBSR, dire stop avant d’en arriver au burn out digital. C’est là que j’ai décidé de faire ma part et de donner un nouveau sens à ma vie professionnelle en me formant au coaching, et en m’associant avec cette même Coco, fondatrice du Digital Detox Institute. www.digitaldetoxinstitute.com

Ton métier de Coach aujourd’hui au sein du Digital Detox Institute, tu nous en dis plus ? 

A travers le Digital Detox Institute, nous avons à cœur d’informer et accompagner les organisations,  sur le bien être numérique, sur les enjeux liés à l’hyperconnexion, et la rupture du lien relationnel, pour que chacun puisse reprendre le contrôle de sa vie… digitale.

Notre intention c’est d’aider le plus grand nombre à se réapproprier ce qui est piraté par les algorithmes au quotidien : notre attention ! c’est la clé….

Et choisir de la poser au service du lien, des projets et de la co-construction 

La révolution numérique nous a donné cet immense pouvoir de multiplier les relations de manière instantanée et comme on peut le voir à l’heure du Covid, nous informer. N’oublions pas que le digital est un outil au service de la relation, alors pourquoi ne pas commencer par prendre soin de la relation que nous avons avec le digital ?! 

En cette période de confinement, nous ne pouvons donc que célébrer l’existence des technologies médiatiques. Elles sont notre seule fenêtre vers le monde extérieur. Le risque, c’est de se plonger corps et âme dans un gouffre numérique. Se laisser engloutir et ne plus vivre qu’à travers les écrans. Qu’ils fassent écran sur notre monde plutôt que de nous offrir une ouverture.

Quelle est pour toi, la population la plus addict ? 

D’abord il faut faire le distinguo entre les moments excessifs (comme en ce moment) et l’addiction. On peut avoir des périodes, courtes, d’utilisation excessive du numérique, cela ne traduit pas nécessairement une addiction. La e-dépendance est apparue vers le milieu des années 1990 et 180 millions de personnes dans le monde souffriraient « d’addiction à internet » (surement plus après cette crise COVID 19 ) 

En général, cela ne se traduit pas tant en termes d’heures passées sur les nouvelles technologies qu’en termes de rupture des liens sociaux réels. L’addiction se manifeste par un décrochage de la vie sociale : refus de participer à des repas de famille, moins de sorties en couple, abandon de ses responsabilités de parent…

Ce que je sais, c’est que les gens de plus de 35 ans, dont je fais partie, ont eu la chance de connaitre un monde « sans ». C’est pour cette raison qu’il faut absolument que nous montrions l’exemple aux générations futures, pour les aider à ne pas tomber dans le FOMO (fear of missing out), dans le blurring (flou entre vie personnelle et vie professionnelle), dans l’addiction ! On a déjà pris du retard quand on voit le fléau des écrans sur nos enfants. Alors mobilisons-nous et redoublons de vigilance dès maintenant !

Comment expliques-tu qu’il soit si difficile de faire prendre conscience à tous, de l’importance de cette addiction ? 

Je préfère parler de  « violence silencieuse » de cette addiction. On vit depuis plusieurs semaines une pandémie historique dont l’étendue des dégâts n’a pas été anticipée. Si j’ose faire un parallèle avec ce virus, violent et imprévisible, j’ajouterai même « contagion digitale ». Cette addiction révèle une fragilité profonde, de défaillance narcissique, de manque de confiance ou de l’estime de soi. La dépendance aux nouvelles technologies relève d’une dépendance aux autres, qui existe depuis bien longtemps.

Observes-tu que le Droit à la Déconnexion peine à se concrétiser en entreprise ? Comment l’expliquer ? 

Déjà, le droit à la déconnexion existe ! quel progrès ! Selon une étude menée par Opinionway en 2018, seules 16% des entreprises ont créé des règles de déconnexion. La marge de progression est immense !

Mais qu’est-ce que le droit à la déconnexion ? c’est de permettre aux salariés de concilier vie personnelle et vie professionnelle, tout en luttant contre les risques de burn out. Pour cela, ils doivent avoir la possibilité de ne pas se connecter aux outils numériques et de ne pas être contactés par leur employeur en dehors de leur temps de travail …nous sommes loin de la réalité !

Ce sont aux entreprises elles même de définir les modalités du droit à la déconnexion. Pour cela, elles sont tenues de rédiger une charte. Ainsi, il existe autant de définitions du droit à la déconnexion qu’il existe de charte.

Donc les organisations ont besoin d’être informées, accompagnées. Le Digital Detox Institue propose de former, accompagner, faire émerger des prises de conscience et de les mettre en action, à travers des expériences sur mesure, adaptées. Faire face à la captologie de l’attention par le digital, ça sous-entend décider de faire un pas de côté, collectivement ET individuellement. 

 

Ton quotidien ça ressemble à quoi ? Du temps pour toi ?

Mon quotidien ici et maintenant c’est d’avoir la chance d’être confinée à la campagne, au cœur de la nature et proche des animaux, … sans réseau ! oui, je peux presque dire « sans mon portable ». 

Plus généralement, ce sont les expériences de la mindfulness et  de l’hyper connexion, qui m’ont menée là où je suis. Alors je fais très attention à être cohérente et alignée avec ce que je propose. J’adore mon portable et j’essaie de rester maitre de mon temps.  Comme tout le monde parfois je déconne, ca m’arrive de me jeter dessus au réveil, et là, ça  m’amuse de voir à quelle vitesse je tombe dedans…

Parle-nous de tes passions !

J’ai 3 passions : 

la marche, à pied ou en raquettes, à la mer, à la montagne, à la campagne ou dans le désert. J’aime marcher partout ! j’aime les marches à papoter avec des gens et aussi les marches en silence. 

Le cinéma français. Ça m’a valu beaucoup de débats animés ! mon film préféré : itinéraire d’un enfant gâté…. 

Le chocolat. Les vrais de vrais te diront qu’il n’y a que le noir qui est bon mais moi je le préfère au lait. Sans fioritures… simplement au lait.

Ton portable à toi, est-ce un ami ou  un ennemi ?

Les deux ! je te confis quelque chose… je suis devenue un peu claustrophobe après une plongée qui ne m’a pas trop plue. Donc quand mon portable n’a plus de batterie et que je dois prendre un ascenseur, il devient vite mon ennemi !!!! et c’est surtout mon ami quand il me permet de rester proche et en lien avec ma famille et mes amis. Nous avons trouvé un bon fonctionnement tous les deux. J’ai programmé la déconnexion automatique de 20h à 7h, en prenant soin de permettre à mes très proches de me contacter quelle que soit l’heure en cas de besoin. Ça me permet d’être à la fois disponible ET déconnectée

A quel moment apprécies-tu le plus de le lâcher ?

En voyage ! En décembre, je suis partie en Mauritanie avec Coco et notre partenaire Voyages Intérieurs. Autant te dire que j’ai été servie en terme de marches et de paysages incroyables ! ce voyage était 100% déconnecté. Quel bonheur ! et qu’est ce que ça fait comme place pour la connexion à soi, aux autres et à la nature ! je te conseille vivement…

Quels sont les projets à court terme du Digital Detox Institute ?

A court terme c’est d’accompagner les salariés dans un télétravail équilibré.

Le confinement nous force bel et bien à une pause, une sorte de retraite inédite, à l’échelle de l’humanité

Dans le moyen terme c’est de vous embarquer dans une retraite (avec Voyages intérieurs) en France, où marche , méditation et déconnexion sont les ingrédients magiques pour retrouver un équilibre après ce confinement. 

Dans un plus long terme…on vous prépare une surprise ☺

La nouvelle version de notre site recense « les trésors », les lieux notamment, hôtels, bars, endroits cachés où la déconnexion prend tout son sens. Tu en connais un à nous faire partager ici ?

Je crois que l’on peut aller au bout du monde chercher des trésors, la chose qu’on y retrouve à chaque fois, c’est soi-même. Donc comme c’est d’actualité je dirai que la sortie en ce moment est à l’intérieur .

Le vrai trésor c’est pouvoir rendre le lieu que l’on veut comme déconnecté. 

3 étapes simples pour y arriver : sortir le téléphone de sa poche, lever l’index, puis mettre son tel en mode Off !

Nous sommes en recherche permanente de visibilité et de partenaires, pour faire connaître notre message et nos initiatives, une idée à nous donner ?

Le Digital Detox Institute ! 😉

Et si nous imaginions un événement, une activité déconnectée ensemble ? Quelle serait-elle ?

Pourquoi pas un voyage en Mode avion ? mais imaginons …tout est possible 

Enfin, si tu souhaites soutenir les actions de notre association, voici pour toi la possibilité d’adhérer, pour un an, sur le lien suivant, pour 15€ seulement :

https://www.helloasso.com/associations/sans-mon-portable/adhesions/adhesion-a-l-association-sans-mon-portable-2020-2021

A bientôt chère Ségolène, donne de tes nouvelles!

Et d’ailleurs, où et comment suivre ton actualité ?

Merci à toi Boris. 

Toute notre actu sur linkedin, sur notre newsletter et sur www.digitaldetoxinstitute.com

À très bientôt